D'après des informations fournies par des organisations indépendantes, un faible nombre d'Egyptiens se seraient rendus aux urnes, lundi 26 mars, pour participer au référendum constitutionnel proposé par le président Hosni Moubarak. Les 36 millions d'électeurs appelés à voter sur 34 amendements de la Constitution ont jusqu'à 19 heures pour se prononcer.

"La participation dans toutes les provinces est encore très, très faible", a déclaré Khaled Ali, porte-parole du Centre judirique Hicham Moubarak, une association de défense des droits de l'homme qui surveille le scrutin. Des témoins, cités par l'agence Reuters, ont par ailleurs confirmé que la plupart des bureaux de vote dans les grandes villes comme Le Caire, Alexandrie et Port-Saïd étaient quasiment déserts.



Principaux points de la réforme constitutionnelle

#L'article 5, amendé, interdit les partis politiques ou toute activité politique avec "une référence ou une base >religieuse". Les Frères musulmans estiment être directement visés par cet article.

#L'article 88, amendé, remplace la supervision de "chaque urne par un magistrat" prévue par la Constitution par une >"haute commission indépendante" chargée de suivre le processus électoral dans son ensemble.

#L'article 136, amendé, stipule que le président n'a plus besoin de l'approbation populaire par le biais d'un référendum >avant de dissoudre le Parlement.

#L'article 179, amendé, permet aux autorités d'arrêter des suspects, de fouiller leur domicile, de surveiller leur >correspondance et de mettre leurs communications sur écoutes sans mandat judiciaire.

#Il accorde au président le droit de faire juger les crimes de terrorisme par "tout organe judiciaire reconnu par la >Constitution ou cité par la loi". Il peut ainsi soustraire à la justice ordinaire les personnes soupçonnées de terrorisme et >les déférer devant des tribunaux militaires et d'exception.

Si la faible participation venait à être confirmée, cela marquerait une victoire pour l'opposition, qui appelait à un boycott des urnes. L'ensemble des partis d'opposition, dont les Frères musulmans, ont affirmé qu'ils n'avaient pas de garantie sur l'équité du scrutin et ont dénoncé la réforme comme une atteinte à la démocratie.

INTERDIRE LES FRÈRES MUSULMANS

Samedi, le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis vingt-six ans, a plaidé pour les volets les plus controversés de ce train d'amendements, qui prévoit notamment une extension des pouvoirs de surveillance des communications privées, une limitation du contrôle judiciaire des élections et un pouvoir présidentiel de dissolution discrétionnaire.

Pour M. Moubarak, l'Egypte se doit d'écarter les dangers du sectarisme et du terrorisme. "J'ai appris (...) les dangers de mêler la religion à la politique et la politique à la religion. Les amendements constitutionnels (...) devraient prévenir toute incursion dans la religion et toute atteinte à l'unité de ce pays", a-t-il souligné.

Mais l'idée maîtresse de cette modification institutionnelle – l'interdiction des activités politiques fondées sur la religion – est surtout de fournir aux autorités les moyens d'interdire les Frères musulmans, qui ont obtenu un cinquième des élus au Parlement en 2005.

Amnesty International voit dans ces amendements la "plus grande érosion des droits de l'homme" depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence, décrété après l'assassinat du président Sadate, en 1981. Les Etats-Unis ont exprimé leur préoccupation.